LaFourchette.be + Puerta Nueva, chronique d’un naufrage inattendu

UPDATE - 6 mars: suite à l'article ci-dessous, nous avons rapidement été contactés par un responsable de LaFourchette.be. Celui-ci nous a fait savoir que l'action avait déjà enregistré plus de 7.000 réservations et qu'il s'agissait du premier couac auquel ils étaient confrontés, tout en déplorant l'incident qui serait dû à un problème de gestion et de communication interne au Puerta Nueva: celui-ci participe en effet bel et bien au Festival de la Gastronomie. En compensation du désagrément causé, et outre le remboursement du montant de la promotion, le responsable du site nous a proposé un geste commercial, sous forme d'une réduction à  valoir sur une prochaine réservation. Bref, si on regrette le manque de professionnalisme du restaurateur, on peut en revanche saluer celui de LaFourchette. Dossier classé, merci à eux !

Chez Foodtales, y a une chose qu'on déteste au moins autant que la mauvaise bouffe, c'est le consensualisme et le politiquement correct. Même si on privilégie une approche positive et que l'on évite le bashing gratuit, pas question de se censurer ou de faire l'impasse sur les expériences moins heureuses de notre parcours gastronomique. Vous l'aurez compris, voici un billet en forme de coup de gueule plutôt que de coup de cœur.

Rappel des faits: lundi, je me réjouissais du lancement du Festival de la Gastronomie par LaFourchette.be, et ouvrais les hostilités avec une réservation le soir-même chez le très sympathique Fils de Jules. Bonne soirée, bon dîner, et rien à redire sur l'organisation; comme le dirait ce cher Hannibal (non pas Lecter, l'autre): "I love it when a plan comes together".

Las, après la soirée d'hier, je me dois de sérieusement tempérer mon enthousiasme de début de semaine.

Puerta NuevaCar mercredi soir donc, ayant prévu quelques célébrations bibitives avec une paire d'amis, je propose d'attaquer la soirée par une bouffe, et de profiter du festival dont question ci-dessus. Partants, ils s'en remettent à moi pour le choix de l'endroit, qui se porte sur le Puerta Nueva, un bar à tapas de la place Sainte-Catherine: bien situé par rapport à notre programme du soir, alléchante carte mélangeant tapas classiques et propositions plus originales de cuisine fusion. Comme les autres restos participant à l'action, l'endroit propose -50% sur sa carte, hors-boissons. On prend ! Détail qui aura son importance par la suite: au moment de la réservation nous étions trois, mais une grosse heure plus tard, un quatrième larron se joint à nous. J'appelle le restaurant pour les informer de ce changement de plan, dont ils me disent qu'il ne pose aucun problème.

J'arrive un peu avant les autres convives et une fois présenté, le serveur / gérant / patron / whatever me plonge directement dans ce dialogue:

  • Lui: "Ah oui. Vous avez réservé via LaFourchette.be, mais je ne participe pas au Festival."
  • Moi: "C'est gênant parce que c'est justement par la page de l'action que je suis tombé sur votre restaurant."
  • Lui: "Oui je sais, je leur ai demandé plusieurs fois de me retirer du listing mais voilà..."

Silence. Durant lequel je me demande intérieurement pourquoi ce "détail" ne m'a pas été mentionné quand j'ai téléphoné pour rajouter le quatrième convive. Cette question rejoindra l'Atlantide, le Saint-Suaire et l'île de Pâques au panthéon des grandes énigmes de l'Histoire. Le silence se prolonge, j'espère naïvement qu'on me propose un geste commercial (même symbolique, un apéro ou un café) pour réparer l'erreur. Non visiblement, je peux m'asseoir dessus et éventuellement me le carrer derrière l'oreille.

Puerta NuevaJe décide malgré tout d'attendre mes camarades du soir pour - éventuellement - changer de crèmerie. Erreur fatale qui aura sonné le glas d'un espoir de dîner réussi. Car à peine arrivés, le piège se referme: maintenant qu'on est là... et puis on ne va pas pinailler pour quelques euros. Non certes, le problème ne réside pas tant dans l'aspect pécuniaire que dans le principe. Et pour le coup, on aurait sans doute mieux fait de s'y tenir, à ce principe.

Alors non, je n'ai pas suffisamment détesté l'endroit que pour me fendre d'une chronique assassine: disons simplement qu'outre cette publicité mensongère, on s'est retrouvés dans un resto du style chi-chi-prétentieux qui se la joue bistronomie. Le genre d'endroit où on vous fait des traits et des points de sauce, mais où votre tortilla semble tout droit sortie d'un régime sans sel. Le genre d'endroit où l'on vous propose un Dim-sum de queue-de-boeuf, mais que l'on ne prend pas la peine de vous servir chaud. Le genre d'endroit où on se lance sur un Tataki de thon mariné, et où on n'arrive à sortir qu'un cube de poisson pâteux et (mal) cuit. Le genre d'endroit où l'on vous sert sur de belles et grandes assiettes, mais dont le contenu consiste en une salade russe à peine sortie du congélo. Le genre d'endroit où on accompagne un mini-burger de pommes-paille plutôt que de frites, mais où l'on se retrouve in fine avec un amas de bâtonnets de patates mous et gras. Bref, le genre d'endroit qui entretient les clichés sur une certaine gastronomie bling-bling et sans grand intérêt.

Puerta NuevaMoralité: avant de vouloir en mettre plein la vue, on a tout intérêt à d'abord maîtriser les bases (cuissons, assaisonnements, ce genre de trucs). Sinon: malin, ravin, tout ça... Quant au service: poli, formel, emprunté, obtenir un sourire relève de la gageure. A ce rythme-là, faudra pas pleurer quand la robotisation atteindra le secteur de l'horeca. Mais peut-être avait-on une tête qui ne revenait pas au personnel de salle. Bon, on exagère mais faut dire que demander deux fois l'addition, et voir le serveur passer ensuite quatre fois - en toute décontraction - devant sa table, ça rend parano.

Soyons fair-play, on a eu droit à un tartare de saumon correct, accompagné d'une originale glace au basilic, et la sangria maison était vraiment bonne. Le prix (130 EUR à 4), même hors-promotion, ne justifiait pas l'expérience mais ne nous a pas arraché des cris d'indignation. Sur l'ensemble d'un repas, tout ça reste quand même très faiblard, trop pour espérer infléchir l'impression générale.

Un moment qui s'achève donc sur une double déception: d'une part, l'impression d'avoir été le dindon d'une mauvaise farce commerciale, et d'autre part, un dîner plus que moyen. Avis unanimement partagé en quittant l'endroit: on n'y reviendra pas.

N.B.: au moment d'écrire ces lignes, le Puerta Nueva est toujours sur la liste des restaurants participant au Festival de la Gastronomie. Alors opportunisme de la part du restaurateur ou mauvaise gestion de la part de LaFourchette.be, on en sait trop rien. Ce dont on est sur par contre, c'est que c'est le client qui en paie l'addition.

 En pratique:
Adresse: Quai du Bois à Brûler 3a, Bruxelles (1000)
Transports en commun: Métro lignes 1 & 5 / Arrêt Sainte-Catherine
Site web: http://puertanueva.be/
Téléphone: 02/840.67.98

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